Je vis en Charente-Maritime avec ma fille, dans une vieille maison en pierre entourée par d’immenses terres agricoles. Nous avons la chance d’avoir, autour de notre maison, un terrain sur lequel nous y cultivons des légumes et accueillons, au pré, des chevaux depuis quelques années. Si de prime abord mon profil vous parait très rural, il n’en est rien. Je roule comme vous dans une voiture qui pollue, possède un iPhone hors de prix et un abonnement Netflix.
Je suis issu d’une génération qui a perdu tous ses repères manuels et qui ne sait plus rien faire sans carte bleue, pétrole ou accès internet. Entrepreneur dans le numérique et la presse imprimée, je me suis confronté à la fragilité du système en lisant Pablo Servigne. Plus j’avançais dans les grandes thématiques de la collapsologie, et plus je ressentais la nécessité de me reconnecter aux choses essentielles de la vie : se protéger et se nourrir. J’ai donc décidé il y a trois ans maintenant, de passer à l’action, à mon niveau, avec mes moyens, sans dogmatisme.
Je ne suis ni survivaliste, ni maraîcher. J’ai simplement trouvé dans la permaculture des principes intéressants, car évidents, et qui peuvent s’appliquer à une multitude d’actions que nous tentons d’entreprendre dans notre vie de tous les jours. Certains appliqueront les travaux de David Holmgren et Bill Mollison à la lettre, je me contente de piocher ce qui permet d’amorcer ma propre transition, sans passer d’un extrême à un autre, et toujours avec humilité.
Je suis père de famille, et je ne peux pas laisser mon enfant grandir dans ce monde sans qu’elle sache y faire pousser des légumes, s’occuper d’un animal et comprendre l’impact de nos modes de vie sur notre environnement.
Suivez mon histoire à travers mes humbles expériences au jardin, et partageons ensemble cette formidable opportunité, de produire soi-même, une partie de notre alimentation, tout en tentant de réparer les dégâts causés à la nature.
Je pense que nous pouvons tous changer. Si vous voulez me contacter, c’est par ici.
Mon petit design en permaculture
Dans un monde parfait, j’aurais commencé par concevoir avant d’agir, mais comme beaucoup, je pense, je me suis lancé sur un coup de tête. J’avais juste envie de prendre la fourche et de passer à l’acte. Cela m’a tout de même permis de bien observer mon environnement pendant les premiers travaux, avec une attention toute particulière à l’écoulement de l’eau. C’est l’un des points clés de la permaculture : observer et interagir.
Vous remarquerez que de l’eau (écoulement naturel de la pluie) passe dans mon terrain l’hiver, et pour protéger la grange où s’abritent les chevaux, nous avons décidé de niveler un peu le sol avec de la terre pour favoriser un écoulement qui évite justement cette grange. Les pieds dans l’eau, elle commençait à trop se fragiliser. Cela a permis d’utiliser un bassin de rétention naturel pour rediriger cet afflux, et privilégier la vie de la faune à cet endroit (beaucoup d’oiseaux y viennent désormais s’abreuver, dont quelques canards sauvages). Pour le moment aucune culture n’a été entreprise autour de cette mare, mais je pense que cela viendra.
Pour irriguer mon potager, j’utilise l’eau du puits qui se trouve en haut du terrain (creusé il y a très longtemps par les anciens). Pour le moment, nous avons installé deux types de tuyaux d’irrigation (goutte à goutte) : un permanent en plastique dur et un temporaire moins cher. Une simple pompe de surface équipée d’un réducteur de pression vient alimenter tout le réseau. Ce type d’arrosage est très efficace et consomme relativement peu d’eau.
On entend souvent que les techniques de maraîchage en permaculture ne nécessitent pas d’eau, ou très peu, grâce notamment au paillage de surface et à une gestion intelligente des ressources du terrain. Je n’en suis pas encore là.
J’ai testé deux saisons au potager avec et sans arrosage, et le résultat est sans appel. Sans arrosage, tomates, concombres, courges et autres légumes gourmands en eau, n’ont pas produit assez, voire sont tombés malades. Le paillage conserve l’humidité du sol, c’est certain, mais sans arrosage l’été, dans mon cas avec une terre très argileuse, c’est mission impossible. Sans eau, le sol se compacte en été, pas assez structuré, trop lourd, il ne tient pas la sécheresse. J’ai donc encore beaucoup de travail pour diminuer mon usage du système d’irrigation que j’ai pour le moment mis en place.
Ce design évolue en permanence et manque d’éléments cruciaux comme les arbres fruitiers par exemple. Nous avons timidement commencé à en planter mais rien de très sérieux. Nous disposons tout de même de quelques vieux châtaigniers en zone 3 qui nous offrent encore de belles récoltes.
Enfin, l’élément clé dans la modeste réussite de ce potager, concerne l’apport incroyable de matière organique que nous procurent les deux juments. Nous utilisons 90 % de leur crottin pour faire du compost et amender le sol en hiver. Un très bon moyen de rester en forme, car les brouettes de crottin trempé, c’est très physique, mais le sol adore. Des vers de terre par centaine grouillent sous le paillage de paille ou de foin que nous utilisons régulièrement pour couvrir les zones de cultures. Tous nos déchets de cuisine y passent aussi. En permaculture vous le savez, on essaye de stocker l’énergie le plus possible, et la matière organique en fait partie : elle réduit les déchets et nourrit le sol. Tout le monde y gagne, et tout est bon pour faire du compost : tontes de pelouse, déchets de cuisine, taille de haie, crottin, colombine des pigeons, feuilles mortes, coupes de bois, etc. Il y a mille et une façons de les recycler à votre avantage.