Le paillage est une technique essentielle en permaculture, visant à recouvrir le sol autour des plantes avec divers matériaux organiques ou inorganiques. Cette pratique offre de nombreux avantages pour le jardin et l’environnement. Elle permet de conserver l’humidité du sol, de réduire la croissance d’herbes concurrentes, de protéger le sol contre l’érosion et d’enrichir la terre en matière organique, et surtout, de recycler tout ce qui vous tombe sous la main.
Une pratique très ancienne
Depuis l’antiquité, les agriculteurs ont utilisé des matériaux naturels disponibles localement pour couvrir le sol autour de leurs plantes. Par exemple, en Chine et en Corée, les agriculteurs utilisaient des coquilles (ou balles) de riz et des herbes pour pailler leurs cultures. Dans les Amériques, les peuples indigènes pratiquaient une forme de paillage en cultivant des plantes ensemble (comme dans le système de culture des Trois Sœurs, où le maïs, les haricots et les courges étaient plantés ensemble, et les courges agissaient comme un paillis vivant pour les autres plantes).
Au fil des siècles, les techniques de paillage se sont adaptées et ont évolué en fonction des conditions climatiques, des types de sols et des matériaux disponibles. Les matériaux organiques, comme les feuilles, la paille, le foin, et même le compost, ont été largement utilisés pour enrichir le sol et protéger les cultures.
Dans les années 1970, avec l’émergence de la permaculture, une approche holistique et durable de l’agriculture, le paillage a pris une place centrale comme méthode pour créer des systèmes agricoles auto-suffisants et respectueux de l’environnement. Les principes de la permaculture mettent l’accent sur l’imitation des modèles naturels, où le paillage joue un rôle crucial dans la simulation du couvert végétal naturel et le maintien de la santé du sol.
De nos jours une grande variété de matériaux, tant organiques qu’inorganiques, sont utilisés pour le paillage. Les innovations et la disponibilité accrue de différents matériaux ont permis aux jardiniers et aux agriculteurs de choisir le type de paillage le mieux adapté à leurs besoins spécifiques.
Inspirée de la nature
Le paillage manuel dans les pratiques agricoles et de jardinage s’inspire largement de ce que fait la nature de manière naturelle. En observant les forêts et les autres écosystèmes naturels, on remarque que le sol n’est jamais nu : il est couvert de matériaux organiques décomposés comme des feuilles, des branches et d’autres résidus végétaux. Cette couverture naturelle joue un rôle crucial dans la préservation de la santé et de l’équilibre de l’écosystème.
Dans les milieux naturels, la couche de feuilles mortes et d’autres matériaux organiques protège le sol contre l’érosion, minimise les effets des intempéries et conserve l’humidité. De manière similaire, le paillage manuel vise à protéger le sol contre l’érosion et à conserver l’humidité, réduisant ainsi le besoin d’arrosage et protégeant les racines des plantes.
La couverture naturelle du sol agit comme un isolant, maintenant le sol plus frais en été et plus chaud en hiver, créant ainsi un microclimat stable pour la faune et la flore. De la même façon, le paillage aide à réguler la température du sol, protégeant les plantes des extrêmes thermiques et favorisant un environnement de croissance stable.
Dans la nature, la matière organique qui se décompose sur le sol se transforme en humus, enrichissant le sol en nutriments et améliorant sa structure et sa fertilité. Le paillage organique se décompose progressivement, libérant des nutriments dans le sol de manière similaire, et améliorant la structure du sol en augmentant sa teneur en matière organique.
Les forêts et autres écosystèmes naturels abritent une biodiversité riche, les débris végétaux fournissant un habitat pour de nombreux micro-organismes, insectes et autres organismes du sol. Le paillage favorise également la biodiversité dans le jardin. Il crée un habitat pour les insectes utiles, les vers de terre et une multitude de micro-organismes qui jouent un rôle vital dans la santé du sol.
La couche de matériaux organiques dans les écosystèmes naturels empêche souvent la germination et la croissance des plantes indésirables en bloquant la lumière et en créant une barrière physique. Le paillage réduit, lui aussi, la croissance des mauvaises herbes en jardinage en créant une barrière qui limite la lumière et l’espace nécessaires à leur développement.
Le paillage manuel est une tentative de reproduire les processus naturels bénéfiques observés dans les écosystèmes non perturbés, en créant un environnement de croissance plus sain pour les plantes cultivées. En mimant ces cycles naturels, le paillage manuel non seulement améliore la santé du sol et des plantes, mais contribue également à la création d’un jardin ou d’une ferme plus durable et écologiquement équilibrée.
Les différents types de paillage
Paillis organiques
Paille et foin
Souvent utilisés en permaculture, ils sont excellents pour garder le sol humide et frais. Attention, le foin peut contenir des graines qui germent et deviennent des mauvaises herbes.
La paille et le foin sont parmi les paillis les plus couramment utilisés en agriculture et en permaculture. La paille, issue des tiges sèches de céréales après la récolte des grains, est riche en carbone mais pauvre en azote. Elle favorise la vie du sol en se décomposant lentement, nourrissant les microorganismes et les vers de terre. Le foin, quant à lui, est composé d’herbes et de légumineuses coupées et séchées. Il est plus riche en azote que la paille, ce qui peut favoriser la croissance des plantes lorsqu’il se décompose. Cependant, le foin peut contenir des graines indésirables qui peuvent germer dans le jardin. Les deux types de paillis agissent comme un isolant pour le sol, conservant l’humidité, régulant la température du sol et supprimant les mauvaises herbes.
Où en trouver ?
Pour trouver de la paille autour de chez vous, le plus pratique est d’aller trainer sur Leboncoin. De nombreux agriculteurs passent des annonces pour vendre leur stock et offrent très généralement une livraison avec un téléscopique ou un tracteur équipé. Il se peut en revanche que certains rechignent à ne vendre qu’une seule balle de paille, il faut les comprendre. Si vous les stockez à l’abri de la pluie, vous pourrez les conserver toute l’année sans aucun soucis et vous servir au fil des besoins pendant votre saison de jardinage.
Attention le prix de la paille ou du foin varie selon les années, en fonction de la qualité des récoltes. Avec les sécheresses que nous accumulons de nos jours en France, les prix peuvent parfois être très volatils.
Que choisir entre la paille et le foin ?
La paille, généralement un sous-produit de la récolte des céréales, est composée des tiges sèches des plantes après que les grains ont été moissonnés. Son plus grand avantage est qu’elle est relativement pauvre en graines et en azote, ce qui en fait un choix excellent pour un paillage qui ne favorisera pas la croissance des mauvaises herbes. La paille décompose lentement, ajoutant de la matière organique au sol sur une plus longue période et améliorant ainsi sa structure et sa capacité à retenir l’eau. En raison de sa faible teneur en azote, elle peut temporairement immobiliser l’azote du sol pendant sa décomposition, ce qui peut être atténué en ajoutant une source d’azote comme le compost ou le fumier.
Le foin, d’autre part, est un mélange de graminées et de légumineuses coupées et séchées. Il est souvent plus riche en azote et en autres nutriments que la paille en raison de la présence de ces légumineuses. Ceci fait du foin un excellent paillage pour enrichir le sol en nutriments. Le foin contient généralement plus de graines que la paille, ce qui peut entraîner une croissance indésirable de mauvaises herbes si le foin n’a pas été correctement séché ou s’il provient de champs avec une forte présence de mauvaises herbes. Le foin se décompose plus rapidement que la paille, ce qui signifie qu’il devra être remplacé plus fréquemment pour maintenir une couche protectrice sur le sol.
Lors du choix entre la paille et le foin, il est important de considérer l’objectif principal du paillage. Si l’objectif est de supprimer les mauvaises herbes et de fournir une couverture longue durée tout en améliorant lentement la structure du sol, la paille est généralement préférable. En revanche, si l’objectif est d’ajouter des nutriments au sol rapidement, surtout dans les jardins où la fertilité du sol est un défi, le foin peut être une option plus appropriée.
Dans tous les cas, il est essentiel de connaître la source de votre paille ou de votre foin pour éviter l’introduction de pesticides ou d’herbicides dans votre jardin. Une gestion attentive est nécessaire pour s’assurer que le paillage soutient effectivement les objectifs du jardin sans créer de conditions indésirables, comme la prolifération des mauvaises herbes ou l’immobilisation de l’azote.
Feuilles mortes
Abondantes en automne, elles enrichissent le sol en se décomposant. Elles peuvent former une croûte imperméable si elles sont trop tassées.
Les feuilles mortes sont une source abondante de matière organique, surtout en automne. Elles forment un paillis riche en nutriments qui se décompose pour enrichir le sol en humus. Ce processus de décomposition attire les microorganismes bénéfiques et les vers de terre, qui aèrent le sol et améliorent sa structure. Les feuilles sont particulièrement riches en minéraux tels que le calcium, le magnésium et le potassium. Cependant, elles doivent être utilisées avec précaution, car des couches trop épaisses peuvent former une barrière imperméable, entravant l’aération et la pénétration de l’eau.
Tonte de gazon
Riche en azote, elle se décompose rapidement. Il est conseillé de la laisser sécher avant de l’utiliser pour éviter qu’elle ne forme une masse compacte.
La tonte de gazon est une source riche en azote, ce qui en fait un paillis rapide à se décomposer. Lorsqu’elle se décompose, elle libère rapidement des nutriments dans le sol, ce qui peut stimuler la croissance des plantes. Cependant, elle doit être utilisée avec modération et séchée au préalable pour éviter de former une couche compacte qui empêcherait l’air et l’eau d’atteindre le sol. La tonte de gazon est particulièrement bénéfique pour les sols pauvres, car elle stimule l’activité biologique et améliore la structure du sol.
Broyats de branches ou bois raméal fragmenté (BRF)
Ils se décomposent lentement et enrichissent le sol en humus. Ils sont parfaits pour les arbres et les arbustes mais moins adaptés aux potagers en raison de leur décomposition lente.
Le BRF est issu du broyage de branches d’arbres et de buissons. Il est riche en lignine et se décompose lentement, libérant progressivement des nutriments dans le sol. Cette lente décomposition favorise une activité biologique régulière, permettant une amélioration continue de la structure du sol. Le BRF stimule la croissance fongique, essentielle à la santé des sols forestiers et des arbres. Les champignons mycorhiziens, en particulier, forment des symbioses avec les racines des plantes, améliorant l’absorption de l’eau et des nutriments.
Carton et papier
Faciles à obtenir, ils sont utiles pour étouffer les mauvaises herbes. Ils doivent être recouverts d’une autre forme de paillage pour être maintenus en place et esthétiquement agréables.
Le carton et le papier, bien qu’inorganiques, sont souvent utilisés comme paillis en permaculture. Ils sont particulièrement efficaces pour supprimer les mauvaises herbes. En se décomposant, ils attirent des vers de terre et d’autres organismes qui aèrent le sol et améliorent sa structure. Cependant, ils doivent être utilisés avec discernement, car ils ne fournissent pas de nutriments au sol comme les paillis organiques. Il est recommandé de les recouvrir d’une couche de matière organique pour favoriser une décomposition plus rapide et enrichir le sol.
Attention à sélectionner du carton peu imprimé si possible.
Paillis inorganiques
Toiles de paillage
Fabriquées en plastique ou en matière géotextile, elles sont efficaces contre les mauvaises herbes. Cependant, elles ne nourrissent pas le sol et peuvent être difficiles à retirer.
Les toiles de paillage, souvent fabriquées à partir de matières plastiques ou de tissus géotextiles, sont utilisées pour contrôler la croissance des mauvaises herbes sans l’utilisation de produits chimiques. Voici quelques points à considérer :
- Contrôle des mauvaises herbes : Les toiles de paillage bloquent la lumière du soleil, empêchant ainsi la germination des graines de mauvaises herbes. C’est un avantage considérable pour réduire le travail de désherbage et maintenir la propreté visuelle du jardin.
- Conservation de l’eau : En recouvrant le sol, ces toiles réduisent l’évaporation de l’eau, conservant ainsi l’humidité nécessaire pour les plantes.
- Impact sur la vie du sol : Contrairement aux paillis organiques, les toiles ne se décomposent pas pour enrichir le sol en matière organique. Elles peuvent aussi empêcher l’aération du sol et la pénétration de l’eau si elles ne sont pas perforées ou utilisées correctement.
- Durabilité : Les toiles de paillage sont durables et peuvent être utilisées pendant plusieurs saisons. Cependant, leur fabrication et leur élimination posent des questions environnementales en raison de l’utilisation de matières plastiques.
Pierres et graviers
Convient bien pour les plantes aimant la chaleur et les sols secs. Ils peuvent cependant rendre le sol trop chaud pour certaines plantes et sont difficiles à enlever.
Les pierres et les graviers sont parfois utilisés comme paillis, surtout dans les jardins ornementaux ou pour les plantes qui préfèrent un sol bien drainé et une exposition chaude. Examinons leurs caractéristiques :
- Rétention de chaleur : Les pierres et les graviers absorbent la chaleur pendant la journée et la libèrent lentement pendant la nuit, créant un microclimat plus chaud autour des plantes. Cela peut être bénéfique pour certaines plantes aimant la chaleur mais peut aussi stresser les plantes pendant les périodes de forte chaleur.
- Drainage : Ces matériaux permettent un excellent drainage, évitant l’accumulation d’eau et la pourriture des racines pour les plantes sensibles à l’humidité excessive.
- Entretien et esthétique : Bien qu’ils ne nécessitent pas de remplacement fréquent et offrent une apparence propre et ordonnée, les pierres et les graviers peuvent être difficiles à enlever ou à déplacer si vous décidez de changer la conception de votre jardin.
- Impact sur le sol : Les pierres et les graviers n’apportent pas de nutriments au sol. Ils peuvent aussi rendre le sol sous-jacent compacté et difficile à travailler. De plus, dans certains cas, ils peuvent empêcher la croissance des microorganismes du sol en modifiant la température et l’humidité du sol.
Avantages du paillage
Conservation de l’eau
Le paillage réduit l’évaporation, maintenant le sol plus humide.
Le paillage agit comme un isolant pour le sol, minimisant l’évaporation de l’eau. En recouvrant le sol, il maintient une température plus basse et réduit l’impact direct du soleil sur la surface du sol. Cette couche protectrice permet de garder l’humidité dans le sol, ce qui est particulièrement bénéfique pendant les périodes sèches. De plus, en conservant l’eau, le paillage aide à maintenir une hydratation constante, essentielle pour la croissance des plantes et l’activité microbienne du sol. Les pores du sol restent remplis d’eau plus longtemps, ce qui facilite l’absorption des nutriments par les racines des plantes.
Contrôle des herbes indésirables
Une couche de paillage limite la croissance des mauvaises herbes en les privant de lumière.
Il limite la lumière du soleil atteignant le sol, ce qui réduit la germination des graines de mauvaises herbes. En créant une barrière physique, il empêche également les graines apportées par le vent ou les animaux de prendre contact avec le sol, réduisant ainsi les chances de germination. De plus, même si des mauvaises herbes parviennent à germer, elles ont souvent du mal à percer la couche de paillis, ce qui facilite leur suppression avant qu’elles ne s’établissent.
Protection du sol
Le paillage protège le sol contre l’érosion et les chocs thermiques.
Il diminue l’impact des précipitations directes, réduisant l’érosion du sol et le lessivage des nutriments. Ensuite, en maintenant une température plus uniforme, il protège les racines des fluctuations extrêmes de température qui peuvent stresser les plantes. Enfin, en hiver, il agit comme un isolant, protégeant les plantes et les microorganismes du sol contre le froid extrême.
Amélioration de la fertilité du sol
Les paillis organiques se décomposent progressivement, ajoutant de la matière organique au sol. Cette matière organique est cruciale pour maintenir une structure de sol saine, car elle améliore la capacité de rétention d’eau du sol, augmente sa porosité, et favorise la formation de complexes argilo-humiques. Ces complexes sont essentiels pour retenir les nutriments dans le sol, les rendant disponibles pour les racines des plantes. La décomposition des paillis organiques produit également des nutriments directement assimilables par les plantes. Ce processus est facilité par l’activité des microorganismes du sol, qui transforment la matière organique en humus, améliorant ainsi la fertilité et la structure du sol sur le long terme.
Habitat pour la faune bénéfique
Le paillage peut offrir un habitat pour les insectes utiles et les micro-organismes.
Il crée un micro-écosystème où divers organismes bénéfiques peuvent prospérer. Les insectes utiles, comme les coccinelles et les abeilles, trouvent refuge et nourriture dans le paillis, et contribuent à la pollinisation et au contrôle naturel des ravageurs. Les vers de terre, en particulier, sont attirés par les paillis organiques. Ils aèrent le sol en creusant des tunnels et transforment la matière organique en humus, améliorant ainsi la fertilité et la structure du sol. Le paillage favorise également la diversité microbienne, essentielle à la décomposition de la matière organique, à la transformation des nutriments et à la protection des plantes contre les pathogènes.
Inconvénients du paillage
Risque de nuisibles
Certains types de paillis organiques, particulièrement ceux qui sont humides et peu aérés, peuvent attirer des nuisibles tels que les limaces et les escargots, qui se nourrissent de jeunes plantes. De plus, des paillis comme le bois non composté peuvent abriter des insectes xylophages (mangeurs de bois) qui, bien qu’ils ne nuisent généralement pas aux plantes, peuvent parfois se déplacer vers des structures en bois à proximité. D’un point de vue microbiologique, un paillis trop épais peut créer des conditions anaérobies (manque d’oxygène) favorables au développement de certains pathogènes fongiques ou bactériens.
Entendons-nous néanmoins sur le terme de « nuisibles », car en permaculture, l’approche vis-à-vis des êtres vivants, y compris ceux souvent considérés comme « nuisibles », est fondamentalement différente de celle de l’agriculture conventionnelle. Plutôt que de voir certains animaux, insectes ou rongeurs comme des ennemis à éradiquer, la permaculture les perçoit comme des parties intégrantes de l’écosystème, ayant chacun leur rôle à jouer dans le maintien de l’équilibre naturel. Chaque organisme a sa place et sa fonction dans l’écosystème du jardin. Les « nuisibles » peuvent en réalité être des indicateurs d’un déséquilibre ou d’une monoculture. Par exemple, une population excessive de certains insectes peut indiquer un manque de diversité végétale ou la présence de plantes affaiblies. La permaculture vise à créer des systèmes résilients et auto-régulés où les populations d’insectes et d’animaux restent en équilibre naturel.
La présence d’une grande diversité de plantes, d’insectes, d’animaux et de micro-organismes crée un écosystème dynamique et résilient. La biodiversité encourage la présence de prédateurs naturels de nombreux organismes considérés comme nuisibles. Par exemple, les oiseaux, les coccinelles, et certains types de guêpes sont des prédateurs naturels de nombreux insectes qui peuvent autrement endommager les cultures.
Au lieu d’éliminer les « nuisibles », la permaculture cherche des solutions qui intègrent ces organismes dans l’écosystème. Par exemple, plutôt que de lutter contre les limaces avec des pesticides, on peut encourager la présence de hérissons, de carabes ou de grenouilles qui sont des prédateurs naturels des limaces. De même, l’installation de nichoirs peut favoriser la présence d’oiseaux qui se nourrissent d’insectes potentiellement problématiques.
L’observation attentive est un principe clé de la permaculture. En observant les interactions entre les différents organismes du jardin, les permaculteurs peuvent mieux comprendre les déséquilibres et intervenir de manière ciblée et respectueuse. Cela peut signifier parfois accepter une certaine présence de « nuisibles » comme partie du cycle naturel, tout en veillant à ce qu’ils ne compromettent pas significativement la santé et la productivité du jardin.
La permaculture privilégie les approches préventives plutôt que curatives. Par exemple, un paillage bien géré peut décourager les « nuisibles » en favorisant une faune auxiliaire bénéfique. De même, la rotation des cultures, les associations de plantes bénéfiques et le maintien d’une bonne santé végétale sont des moyens de prévenir naturellement les déséquilibres.
Pourrissement des plantes
Un paillage trop épais autour des tiges peut provoquer la pourriture.
Un paillage appliqué trop près des tiges ou du tronc des plantes peut retenir l’humidité contre la base des plantes, ce qui peut entraîner la pourriture de la tige ou du collet, surtout chez les plantes sensibles à l’excès d’humidité. Cela est souvent dû à une microfaune du sol déséquilibrée ou à une mauvaise gestion de l’humidité, où des organismes pathogènes peuvent prendre le dessus sur les organismes bénéfiques.
Besoins spécifiques des plantes
Toutes les plantes ne réagissent pas de la même manière au paillage. Par exemple, certaines plantes préfèrent un sol plus sec ou plus chaud et peuvent être entravées par un paillage qui retient trop l’humidité ou refroidit le sol. D’autre part, un paillage à base de matériaux riches en carbone (comme la paille ou les feuilles) peut provoquer une immobilisation temporaire de l’azote dans le sol, car les microorganismes consomment activement l’azote pour décomposer le carbone, rendant cet azote temporairement indisponible pour les plantes.
Coût et disponibilité
Certains types de paillis, notamment les paillis organiques de qualité ou les toiles de paillage spécialisées, peuvent être coûteux ou difficiles à obtenir. L’achat de paillis peut représenter un investissement significatif, surtout pour de grands jardins. De plus, l’accès à des ressources locales et durables pour le paillage peut être limité dans certaines régions, ce qui oblige les jardiniers à se tourner vers des produits importés ou moins écologiques.
Impact sur l’équilibre nutritionnel du sol
Bien que le paillage organique puisse améliorer la fertilité du sol à long terme, sa décomposition initiale peut affecter l’équilibre nutritionnel du sol. Comme mentionné précédemment, la décomposition de matériaux riches en carbone peut immobiliser l’azote. De plus, certains paillis peuvent modifier le pH du sol lors de leur décomposition. Par exemple, les aiguilles de pin peuvent acidifier le sol, ce qui peut être bénéfique pour certaines plantes mais nuisible pour d’autres.
Impact sur la température du sol et la germination
Au printemps, la germination de nombreuses semences nécessite un sol suffisamment chaud. Le paillage, particulièrement s’il est épais, peut isoler le sol du soleil et donc ralentir son réchauffement. Ce retard peut être problématique pour les semences qui dépendent de températures plus élevées pour germer efficacement.
Certaines cultures de début de saison, comme les tomates, les poivrons, et certaines fleurs annuelles, ont besoin d’un sol bien réchauffé pour bien démarrer. Un paillage épais peut retarder leur croissance, affectant ainsi le calendrier de plantation et potentiellement la période de récolte.
Il est souvent conseillé de retirer ou de réduire le paillage dans les zones de semis au début du printemps pour permettre au soleil de réchauffer le sol. Une fois que les températures du sol sont adéquates et que les semis ont bien germé, le paillage peut être réintroduit pour conserver l’humidité et supprimer les mauvaises herbes.
Trouver le bon équilibre est essentiel. Un paillage léger peut être bénéfique même au printemps, en protégeant le sol contre l’érosion et en conservant une certaine humidité sans empêcher significativement son réchauffement.
Comme toujours en permaculture, l’observation est clé. Il est important de surveiller les températures du sol et l’état des semis pour ajuster la couverture de paillage en conséquence. Chaque jardin est unique, et ce qui fonctionne dans un environnement peut ne pas être idéal dans un autre.
Le paillage est une pratique polyvalente en permaculture, offrant de nombreux bénéfices pour le jardin et l’environnement. Choisir le bon type de paillage en fonction de vos plantes et de vos objectifs peut transformer votre jardin en un écosystème prospère. En observant attentivement et en ajustant votre stratégie, vous pouvez maximiser les avantages du paillage tout en minimisant ses inconvénients.